Barres corrigées

L’art est truffé d’erreurs…

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Pendant :

        Nous nous étions fort mal préparés, pas d’entraînement, un duvet modèle enfant pour l’un qui avait pourtant l’avantage d’être des plus légers, une cafetière modèle familiale pour l’autre (il faut bien son confort) et puisque les subventions nous avaient été refusées, une tente qui finalement n’aura pas servi, qui feront des sacs de plus de 12 kg pour un voyage d’un peu moins d’un mois. Et bien nous fûmes étonnamment surpris de voir que 30 km sans ces sacs étaient tout à fait faisables, mais nous avions ces sacs.

         La seconde problématique était d’ordre artistique, nous ne partions pas dans ce périple pour atteindre les limites de nos forces physiques, qui n’avaient plus vingt-ans depuis longtemps, mais pour chercher l’aventure. Et point d’aventure sans errances et pas de temps pour celles-ci si nous forcions la marche entre les crépuscules. Ainsi, il nous fallait tomber les sacs, déballer les barres et déambuler. Nous perdre dans les bourgs, les villes et prendre le train… Car avant tout, nous devions arriver avant la fin de la documenta 15.

         Et ce n’était pas faute de vérifier d’heure en heure comment notre progression était suivie. Elle ne l’était quasiment que par la famille qui s’inquiétait de nos sorts. Alors à quoi bon ? Les autres pourront toujours nous reprocher notre découragement après le voyage. Néanmoins nous avons pris la décision de finir, comme nous avions commencé, à pied : Pour des raisons évidentes de symétrie.

         Parmi les rencontres, que nous ont permis le chemin de fer, il y en aura qui resteront des plus intéressantes : le cas Lino Polegato.

Premièrement c’est un polémiste, deuxièmement il a fréquenté Harald Szeemann ; et jusqu’alors nous ne côtoyons que des personnalités ayant connu André Cadere. Alain Fleisher et Ghislain Mollet-Viéville, pour ne pas les nommer.

         Après des échanges argumentés sur le fait que Szeemann et Cadere pouvaient ou non être considérés en co-auteur de la légende du « marcheur de Kassel », nous en arrivions à la conclusion qu’il ne s’agissait pas de « co-auteurs » mais de deux rendez-vous manqués : Celui de Szeemann avec le roumain et celui de Cadere avec son public.

        Nous venions de comprendre ce que nous faisions : nous rendions les barres à la rue.